• Ce qui fait l’objet de mon précédent billet me troue tellement le cul que j’ai le cul tellement troué. Je résume : une commerciale de SSII m’a donné une plaquette de sa boite récapitulant les missions faites par la société dans laquelle j’ai retrouvé des missions que j’ai moi-même faites il y a plus de 13 ans. Elle a donc piqué les références d’une boite dans laquelle j’ai bossé, Décan Conseil, qui avait racheté Sigma Conseil, et pour laquelle, quand j’étais consultant manager, j’avais moi-même rédigé la plaquette. Je suis resté très bon pote avec mon chef de l’époque et il se rappelle bien avoir fait le job avec moi.

    Avec la plaquette, il y a un récapitulatif des principales missions. 22 sont décrites. 9 d’entre elles sont des travaux que j’ai faits et j’ai un doute sur deux (un autre type a pu bosser sur les mêmes sujets que moi). Ca me fait rigoler, j’ai moi-même raconté des mensonges en gonflant le niveau d’implication de la société dans certains dossiers. Par exemple, il est indiqué qu’elle a fait la planification de la migration des distributeurs de billets à l’euro (le document s’appelle « missions récentes »). C’est de bonne guerre. Par contre, pomper les informations est complètement con : j’espère que les clients potentiels vont vérifier. C’est néanmoins réellement très drôle puisque la plupart des missions sont à l’avenant : qui s’intéresse aujourd’hui à la migration des GAB à l’euro… Cela avait un sens quand j’ai rédigé le truc puisque c’était avant l’intégration de cette nouvelle monnaie.

    Il n’empêche que c’est amusant de relire ce qu’on a pu écrire au siècle dernier pour faire croire que la société était réellement importante.

    « Mise eu point des outils de simulation pour l’agrément des systèmes de télépaiement ». Ca date d’une époque où on pouvait payer par Minitel ou avec un décodeur Canal+. Je suis resté deux ans à glander en attendant que des industriels sortent une application pour le faire.

    « Spécifications des nouveaux claviers sécuritaires des automates bancaires (projet cible 2003) ». Je confirme que j’étais bien le responsable du groupe de travail appelé « cible 2003 » mais je n’ai jamais travaillé sur les claviers, ceux-ci étant du ressort de Mastercard et de Visa.

    « Préparation du passage des GAB à l’euro ». Je confirme que j’étais secrétaire du groupe de travail assurant la coordination entre les banquiers et les mainteneurs des GAB, ce qui me valait de faire un compte rendu de réunion tous les mois.

    « Spécification du protocole MPE V5 ». C’est un scandale que j’ai pu écrire cela. MPE V5 n’est pas un protocole. J’ai mis au point la dernière version du chapitre décrivant les données transportées par le protocole associé parce que le chef de projet avait quelques failles rédactionnelles.

    « Planification du département Acceptation Retrait ». J’étais effectivement le seul consultant de ce département et je planifiais très bien mes travaux.

    « Mise en place de nouvelles procédures d’agrément des coupleurs auprès des laboratoires et des constructeurs. » Ah ! C’est un des points sur lesquels j’ai un doute, doute mineur car la phrase est « typiquement de moi ». Les procédures étant imposées par Visa et Mastercard et hors du scope de mon client de l’époque, j’ai effectivement suivi le dossier pour lui mais je n’ai rien fait.

    « Spécifications et développements sur LOGIXXX ». Exact ! C’était entre 1987 et 1993 ce qui ne nous rajeunit pas et j’invite la boite en question à faire du ménage.

    « Evaluation des logiciels DAB/GAB du groupe » (pour une banque). C’était une mission faite par une collègue pendant 5 ou 6 semaines sous ma responsabilité. On y reviendra mais c’est typiquement une mission de complaisance qui consiste à fournir des tonnes de papier à un chef de service pour qu’il puisse l’agiter au cours d’une réunion).

    « Etude de faisabilité d’intégration de LOGIXXX » (pour une autre banque). J’y reviens donc : l’étude bidon par excellence demandée par un directeur d’une banque à ses sbires pour montrer à ses collègues qu’il avait raison d’avoir un logiciel différent des autres.

    « Pilotage de l’implémentation de LOGIXXX » (pour encore une autre). Là, je reconnais. Vrai boulot : conseils au client, formation des jeunes consultants, aide au recrutement de spécialistes. Cela étant, c’était en 2000 et la banque en question change de logiciel. Ce que je pilote actuellement, d’ailleurs.

    Si Décan existe toujours (ce que je ne crois pas) et souhaite faire une action en justice contre ces malappris, ils peuvent me contacter.



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  • Ayant été consultant pendant plus de vingt ans, j’ai beaucoup de respect pour les SSII et leurs commerciaux. Aussi, quand je suis appelé par un commercial, je suis très poli. C’est ainsi qu’une commerciale a réussi à avoir un rendez-vous avec moi, mercredi soir, même si je lui ai bien précisé que je n’avais aucun pouvoir de décision pour ce qui concerne les sociétés consultées lorsque nous avons besoin d’assistance, mon « pouvoir » étant limité au choix final du consultant.

    Elle est venue avec son big boss que je connaissais déjà pour l’avoir rencontré à l’occasion d’une consultation. Nous nous sommes rendus compte pendant la discussion qu’il avait été mon patron fin 2000 pendant quelques semaines, avant que je ne quitte la boite, ce qui était planifié avant son arrivée, et avant qu’il ne crée la sienne.

    En séance, la commerciale m’a donné une plaquette commerciale où sont décrites les principales missions qu’a effectuées la société. Je lui avais promis de la lire, ce que j’ai fait ce matin.

    C’est alors que j’ai explosé de rire en découvrant qu’une partie des missions décrites a été réalisée par moi avant 2000. Au début, j’ai pensé qu’ils avaient un consultant avec un CV proche du mien jusqu’à ce que je tombe sur des intitulés qui ne portent pas à confusion tels que « développement de la version 2.0 de LOGIGAB pour Dassault », ce que j’ai fait en 1996.

    J’ai alors relu. Il n’y a pas photo. 10% des références de la société concernent des travaux que j’ai menés personnellement.

    Le patron a piqué les plaquettes commerciales de son ancienne boite et les a mises à son nom alors que j’avais personnellement aidé l’ancien patron, par ailleurs copain à moi, à les faire.

    C’est délirant.

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  • « Dans une hiérarchie, tout employé a tendance à s'élever à son niveau d'incompétence » ! Vous connaissez le principe de Peter ? Vous pouvez en lire plus sur Wikipedia. C’est un ouvrage satyrique mais pris au sérieux. Je vais résumer : un employé compétent finira par avoir une promotion. Il finira par se retrouver à un poste pour lequel il n’est plus compétent mais il ne sera jamais rétrogradé. Ainsi une grande partie de la hiérarchie des entreprises est composées de gens incompétents. Par contre, comme les mecs compétents sont promus, il ne reste plus de types bons au niveau où ils devraient l’être.

    Je m’y suis intéressé au début des années 90 parce que mon chef de l’époque, sans se rendre compte qu’il était lui-même incompétent, n’arrêtez pas de nous le lancer dans la gueule, du genre : « Alors, Jégou, vous démontrez encore que vous avez atteint votre niveau d’incompétence. »

    Je m’y suis intéressé une dizaine d’années plus tard, quand j’ai moi-même atteint mon niveau d’incompétence et était entouré de gens incompétents. Un nouveau gros projet s’était lancé et la directrice de ce projet, s’était entourée de six ou sept chefs de « sous-projet » par domaine bien précis et nécessitant une expertise. Certains étaient notoirement incompétents dans leurs domaines (ceci n’est pas une méchanceté, ils avaient bénéficié d’une promotion interne pour ce nouveau projet mais l’entreprise manquait de spécialistes). Ces incompétents avaient des consultants pour les assister, dont moi.

    Nous étions ainsi une équipe d’une dizaine. La directrice en avait sélectionné six qui, en plus de leur travail, devaient assurer le rôle de « technico-commercial » auprès des entreprises clientes. J’avais donc en charge le suivi de deux banques pour tous les « sous-projets », y compris ceux dont je ne connaissais rien. J’allais donc voir les banques pour échanger avec eux mais je me retrouvais en face de gens soit très compétents soit ayant atteint leur niveau d’incompétence. Pour le sous-projet dont j’avais la charge, j’étais largement plus compétent qu’eux à un point que ça me faisait profondément chier. Pour les autres, j’étais absolument nul et passait pour une bille.

    Néanmoins, l’observation de mes confrères me montrait que c’était pareil pour eux. Quand ils me faisaient le reporting pour le domaine qui était le mien, je voyais bien qu’ils ne comprenaient rien à ce qu’ils avaient pu noter…

    La différence entre eux et moi, c’est que je le reconnaissais. Mais je ne pouvais pas le dire à la chef puisqu’il aurait fallu que je démolisse mes camarades : « Ecoute, je suis nul dans ces domaines et ils sont nuls dans le mien, ils me font de belles conneries et je galère à réparer. » Tout au plus, si je lui disais que j’étais largué, elle me répondait « tu vas apprendre ». C’était complètement faux (faire l’intermédiaire entre des experts ne pousse pas à devenir expert mais à se désintéresser des sujets). Nous avions tous atteint notre niveau d’incompétence et la chef aussi. Elle a donc eu une promotion parce que son chef à elle était encore plus incompétent et qu’il fallait le remplacer.

    Nous étions donc une bande d’incompétents pour notre job mais très compétents pour ses annexes… Et j’étais effaré de voir mes collègues ne pas reconnaître leur propre incompétence. Ils faisaient le job comme s’ils étaient compétents alors qu’ils n’avaient aucune raison de nier leur incompétence vu qu’ils n’avaient pas été recrutés pour ça mais pour une compétence particulière.

    La chef avait raison sur un point : j’ai beaucoup appris mais pas en technique, uniquement sur le fonctionnement des entreprises, à l’occasion de différents chantiers. Par exemple, il avait fallu que je fasse des contrats avec des fournisseurs. En travaillant avec la juriste, j’avais appris beaucoup de choses, notamment que la plupart des causes des contrats ne servaient à rien (pas toutes !).

    Et c'est périodiquement que je l'atteins périodiquement, ce niveau d'incompétence... Mais que j'apprends beaucoup sur des sujets variés...Ce qui me fait être plus compétents que d'autres, qui ne reconnaissent pas leur propre incompétence.. et s'entêtent dans des domaines où ils sont nuls.

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  • Dans mon dernier billet, j’expliquais que j’avais passé une partie de ma vie à glander mais il ne faut pas qu’il soit pris de travers. Je vais donc y apporter quelques précisions.

    Le contexte

    Au milieu des années 90, on ne savait pas comment allait évoluer le commerce électronique. Il y avait de la fraude, à l’époque, qui a diminué ensuite. Il n’empêche qu’on pensait que les PC seraient équipés de lecteurs de cartes à puce ou que des périphériques de lecture de cartes à puce allaient se développer.

    Il était donc logique que le groupement dispose des moyens de répondre aux demandes d’agrément. Il fallait une personne à temps plein : elle n’a pas eu de boulot, tant mieux pour moi et tant pis pour les vendeurs de lecteurs de cartes à puce.

    C’était il y a près de 20 ans…

    Ensuite, le GIE avait récupéré un expert GAB, quasiment un des seuls du marché. Mon boulot était utile et mon poste parfaitement justifié.

    Le seul du marché

    Dans la fin des années 90, trouvez-moi la liste des types qui avaient une expérience de développement de logiciels GAB pour plusieurs éditeurs et pour plusieurs banques et qui avait acquis, par le hasard des évolutions de carrière, une expérience de consultant…

    Il n’y avait qu’un seul type d’une trentaine d’années et donc à un tarif raisonnable.

    La rentabilité

    Quelques actions que j’ai menées ont largement financé mon poste.

    Je racontais hier, par exemple, que j’avais fait les spécifications EMV pendant mes heures de glande. Si ça n’avait pas été le cas, elles auraient probablement coûté au moins une année de travail d’un consultant « normal », sans compter des heures et des heures d’encadrement…

    Je pourrais multiplier les exemples… Tiens ! Quand j’ai fait les cartes de test, les dossiers ont été faits en un temps record. Si la boutique avait fait le processus normal et affecté un chef de projet de la maison qui n’aurait pas connu tous les dossiers puis un consultant pour l’assiste, ça lui aurait coûté deux fois plus cher.

    Glander n’est pas coûter. Telle est ma devise.



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  • Surprise ! Hier, après déjeuner, mon accès Internet du bureau était coupé. J’ai immédiatement pensé à une décision « administrative » vu le message d’erreur affiché. Je téléphone au SAV qui me confirme qu’ils ont bien reçu une liste de personnes à qui il fallait couper l’accès Internet. Stupeur ! Me voilà bien ! Il ne me reste plus que l’iPhone, notamment pour accéder à mes mails (et publier des billets de blogs mais ça ne rentre pas vraiment dans mes attributions).

    Je fais donc le nécessaire auprès de mon DRH qui passait par hasard dans mon bureau à cette heure-là (on est installé au même étage)…

    Aujourd’hui, un collègue vient me voir : il a le même problème. Cela me soulage : ma radiation n’était pas due à une utilisation abusive (qui ne l’est même pas puisque j’utilise déjà beaucoup l’iPhone)…

    En fait, c’est une direction où nous étions avant avril 2008 qui a fait le ménage dans ses listes et a viré l’accès des gens qui ont été embauchés par elle mais qui ne travaillent plus pour elle ce qui n’a rien de surprenant compte tenu de l’organisation en différentes entités juridiques de la société et du fait que l’on soit maintenant détachés dans une filiale d’une filiale…: on n'est plus "visible" pour eux.Ceux qui ont été embauchés avant d'entrer dans cette direction ont conservé leur accès. Ceux qui sont entrés après la création de la filiale aussi...

    J’ai eu peur.

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  • Depuis vendredi, j’essaie de trouver un angle d’attaque pour expliquer en quoi consiste mon boulot mais ce n’est pas facile : il n’y a pas beaucoup de boulot équivalent. Pour résumer, je suis un expert dans un domaine, tout ce qui touche aux machines dans lesquelles vous mettez une carte pour retirer du pognon. Le terme « expert » est assez mal choisi. Je me qualifie souvent « d’expert généraliste » ou « spécialiste en généralités » comme disais Gabale, l’autre jour. En fait, je connaissais très bien les distributeurs mais, avec l’âge, je connais maintenant un petit peu de tout ce qu’il y a autour.

    Il faudrait que je donne un exemple mais je ne peux pas me baser sur la réalité : je n’ai pas le droit de parler du boulot et je refuse de le faire. Je vais inventer…

    Imaginons que la banque pour laquelle je bosse soit contactée par la Fédération Française de Football pour vendre des places pour les matchs sur nos distributeurs. Le service marketing de ma banque nous contacterait alors, à l’informatique, pour que nous puissions étudier le projet et, notamment, établir un chiffrage pour qu’ils puissent mesurer la rentabilité du projet.

    Et paf ! La demande aboutit sur mon bureau.

    Voilà ce qu’il faut faire : quand un client met sa carte dans le machin, il faut lui proposer de faire un retrait ou un achat de billet pour un match. S’il choisit cette option, il faudra (par exemple) lui proposer des dates puis lui proposer les matchs pour ce jour-là. Quand il aura fait son choix, il faudra lui proposer un tarif selon qu’il est ou non abonné au club. Ensuite, il faudra lui demander de saisir son code confidentiel puis lui imprimer un premier ticket qui lui servira de billet et un deuxième qui lui servira de facturette de paiement.

    Il va me falloir en tirer un document de dix  pages permettant de présenter à mes collègues les travaux qu’il faudra réaliser. Je vais donc actionner mon neurone pour faire le tour du dossier et je ne vais pas tarder à détecter la principale difficulté technique : quand le client demande à acheter une place, il faut avoir des dates et des matchs à lui proposer. Comment mon distributeur va-t-il savoir quoi proposer ? La deuxième difficulté : comment imprimer un billet qui ne soit pas falsifiable ou imitable par le client ?

    Ces difficultés ne sont pas insurmontables. Il faudra aller consulter le serveur informatique de la FFF : c’est leur métier, ils savent faire. Je vais donc les consulter. Mon premier vrai travail sera de comprendre le mécanisme des échanges qu’ils veulent mettre en place entre le terminal (le distributeur) et leur serveur, via nos propres serveurs. Ce « comprendre » est important. Ce n’est d’ailleurs pas spécialement compliqué mais il va falloir que j’assimile ça suffisamment bien pour le vulgariser avec notre jargon, pour que tout soit compréhensible par la hiérarchie et par tous les acteurs et ça, c’est compliqué. Chaque acteur va être focalisé par la partie qui le concerne or c’est la cohérence globale que je dois garantir.

    Je vais donner un exemple : que se passe-t-il si le client n’a pas son ticket final, avec les places pour le match mais qu’il a quand même réglé ? Il a pu oublier de prendre le ticket ou l’imprimante a pu déconner et le ticket n’est pas sorti. Ou, plus simplement, le rouleau de ticket est arrivé au bout avant la fin de l’impression… Concrètement, il y a plusieurs solutions : soit le client contacte la banque soit il contacte la FFF…

    Toujours est-il que le type en charge du logiciel du distributeur ne peut rien faire. Il va donc s’en foutre. Le type en charge du logiciel de nos serveurs ne peut rien faire. Il va donc s’en foutre. C’est donc mon job de dire ce qu’on va faire. Concrètement, quand un billet sera vendu, il nous faudra prévenir le serveur de la FFF que le paiement a été fait (à telle heure, sur telle machine, pour tel match) pour qu’en cas de réclamation, les opérateurs puissent la traiter. Par exemple, si le client se pointe au guichet de l’agence, le type de l’accueil pourra appeler la FFF et lui dire : « voilà, j’ai un client qui se plaint d’avoir payé le match mais de ne pas avoir eu son ticket, est-ce que vous pouvez annuler la transaction et procéder à son remboursement ? » Et le type, au téléphone, aura les moyens de vérifier et d’agir parce que son serveur saura qu’une transaction a bien été faite.

    J’en étais au stade où j’ai décrit les principes généraux des échanges dans un machin compréhensible par tous, y compris ce détail : prévenir le serveur de la FFF quand la vente est faite pour pouvoir gérer les réclamations.

    Ce point a une première conséquence qui n’avait pas été vue auparavant (c’est un exemple, hein !) : du fait de ma connaissance du matériel et des processus, j’aurais vu qu’il faudra savoir régler les réclamations. Ce n’est pas neutre, ça va même coûter très cher : il faudra que les agents d’accueil, dans les agences de la banque sachent le faire et aient le temps pour le faire (même si on peut supposer qu’il n’y aura pas un achat sur cent avec des problèmes). Il va donc me falloir prévenir le service marketing (celui qui m’a adressé la demande) d’organiser les travaux correspondants avec les lascars en charge de fournir des procédures pour les agents d’accueil.

    Je résume : à ce stade, j’ai décrit les traitements à grande maille en étant extrêmement précis sur un détail et j’ai prévenu mes « clients » qu’il y avait aussi un aspect organisationnel.

    Ensuite, je vais continuer à creuser. Pendant la vente (la phase où l’on va proposer au client des dates et des matchs), qu’est-ce qu’on va afficher comme écran pour le client ? Auront-ils le logo de la banque ou celui de la FFF ? C’est cette dernière ou la banque qui va vendre les billets ? La banque qui vend-t-elle des billets ou se contente-t-elle de mettre des machines à disposition de la FFF ? La banque se rémunère-t-elle en récupérant une commission sur la vente des billets ou en ayant une marge sur cette vente ?

    Après avoir soulevé un point organisationnel, j’aurais souligné un point à caractère réglementaire. Dans la pratique, ce point est une formalité. C’est l’opérateur qui va vendre, la banque n’est qu’un passe plat. Elle touchera une commission globale en fonction du volume des ventes (sinon, il faudrait gérer une facturation unitaire avec de la TVA, un vrai bordel, impossible à mettre en œuvre). Les écrans seront donc aux couleurs de la FFF… Il n’empêche qu’il faudra faire valider ce point en haut lieu et suivre toute la durée du projet et régler un tas de bricoles (comme assurer, dans le contrat, qu’on a bien le droit d’afficher le logo de la FFF sur les écrans de nos distributeurs).

    Je ne dis pas tout cela pour vous impressionner : c’est mon boulot. Tout cela ne me prendra que quelques jours.

    La principale difficulté est que je suis le seul à qui c’est le boulot de voir les nombreuses difficultés diverses qui vont jalonner le projet. Un exemple : ce qu’on va faire, sur le distributeur, ce n’est pas… de la distribution d’espèces mais du paiement d’un produit ou d'un service. Les circuits pour débiter les clients et créditer le vendeur ne sont pas du tout les mêmes. Dans un cas, on agit en temps que banque et dans l’autre en temps que commerçant (ou, plus exactement, prestataire technique de la FFF). Ce ne sont donc pas les mêmes circuits d’échanges, les mêmes formats, …
    Je vais accélérer la description, maintenant, bien que le reste soit le boulot le plus lourd.

    De fil en aiguille, je vais pouvoir décrire toutes les modifications des différents composants informatiques, notamment les distributeurs et nos serveurs mais pourquoi pas d’autres machins. Par exemple, si la FFF n’a pas pensé à nos clients étrangers, il faudra bien qu’elle évolue.

    A un stade, je vais en savoir suffisamment pour pouvoir fournir les éléments qui pourront être utilisés par chacun pour déterminer le coût des travaux et les délais nécessaires. Il me restera à établir les cahiers des charges précis pour chacun des acteurs avant de lancer réellement le projet.

    Il y a quelques autres bricoles à gérer, notamment la planification et la coordination initiale de tout ça.

    Ca n’est qu’après qu’un chef de projet prendra le relai (car je suis bien incapable de le faire).

    Et je suivrai ça d’un œil distrait tout en m’assurant que la cohérence globale n’est pas compromise à une étape ou à un autre.

    On appelle ça de l’avant projet…

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  • Ça faisait des années que je n'étais pas revenu à ce gigantesque rassemblement des professionnels de la profession : la monétique. 3 jours dans deux immenses hall de Villepinte, entièrement consacrés à la carte, toutes les sortes de cartes : de paiement, de transport, d'identité.

    C'est un machin d'envergure mondiale (je crois que c'est le plus gros salon dédié à la carte). Tous les industriels (fabricants de cartes, fabricants de machines à fabriquer les cartes, constructeurs de terminaux, fournisseurs de plastique, de puces, génies fous de la biométrie inutile, éditeurs de logiciels de test,...) sont représentés (sauf ceux qui m'intéresse, d'ailleurs, les constructeurs de distributeurs de billets !) en plus des boîtes de service et des machins comme Visa et MasterCard.

    Dans le temps, quand j'étais consultant au Groupement des Cartes Bancaires, j'y allais tous les ans. La plupart des commerciaux des stands sur lesquels on s'attardait parce que les produits nous intéressaient ou parce que les hôtesses étaient canon étaient tellement impressionnés par notre badge (c'est le Groupement qui délivrait les agréments pour les cartes et le matériel) qu'ils finissaient généralement par nous offrir le Champagne.

    Nous étions incorruptibles mais ça ne nous a pas empêché de partir une fois ou deux dans un état qui ne faisait pas honneur à l'institution qui nous envoyait là-bas.  Depuis une dizaine d'années, j'ai espacé mes visites. C'est peut dire : la dernière date d'au moins cinq ou six ans.

    Pourtant, c'est toujours un plaisir d'y aller, on y rencontre des gens qu'on a croisés chez des clients communs il y a dix ou vingt ans. C'est aussi un devoir : ça fait plaisir aux fournisseurs de nous voir (ça les change des clients étrangers qui les visitent habituellement et ça leur permet de nous tirer les vers du nez sur les projets en cours).

    Cette année, je n'ai pas rencontré grand monde à part un type avec lequel nous avons partagé un bureau pendant plusieurs années vers la fin des années 90. Ca m’a fait plaisir de le revoir parce que je suis toujours en contact avec des collègues à lui et avoir des nouvelles de quelqu’un pendant dix ans sans le voir me lassait…

    J’avais aussi rendez-vous avec un pote commercial dans une boite du secteur (mais c’est le hasard : j’ai annulé un rendez-vous que j’avais avec lui ce soir au bistro parce que je craignais d’arriver en retard à cause du salon… et c’est comme ça que j’ai appris qu’il devait y aller aussi et avait peur d’être en retard à son rendez-vous avec moi).

    Vers 15h20, il m’a envoyé un SMS comme convenu pour me dire où il était et je l’ai rejoint à la buvette de l’entrée (une buvette de luxe : chez Fauchon). Après les politesses d’usage et avant même qu’un serveur nous demande ce que l’on voulait boire, je lui ai dit : « Ca me rappelle le temps où on venait ensemble pour le boulot… C’est toujours aussi chiant, ce truc. » « Oui, qu’il me dit, j’ai bien envie de me barrer ». « Alors cassons-nous ! »

    Tant pis pour les visites de courtoisie.

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